L'air raffiné par la flèche cristalline du cri d'un enfant se glisse dans mes poumons. Le temps qu'un nuage de veinules conquises ne l'éparpille dans mes cellules en fête, j'ouvre un oeil. J'ai passé la nuit dans une petite chambre, presque une cabine. Arrivé de nuit, je n'avais pas remarqué, amarré en face, le bâtiment imposant d'une école maternelle.
La brume d'amour finit de repeindre mon intérieur de transparences aux couleurs chaudes. Elle s'exfiltre de ma poitrine. Puis elle fonce, conquérante, vers mon oreiller. Là, elle se rassemble, pétillante, avant de s'étirer en tentacules agiles qui courent se fondre dans la structure du lit, et enfin, au reste du petit appartement. Un sentiment d'une clarté innocente prospérait, avant qu'elles ne soient sous l'emprise de la conscience, sur les puretés de mon esprit. Les vibrantes trilles enfantines lui auront servi de tremplin pour passer la barrière des rêves, et le voici qui galope dans le réel . Une fois complètement éveillé, cet état perdure. Je suis amoureux d'objets.
Déambulant sur le boulevard, alors que cette sensation a su s'étendre au point de croire que les choses m'ont rendu mon amour, que mon nez vibre doucement et que mes yeux se regardent et s'aiment, je m'inquisite: qu'est-ce que l'amour des choses? Si nous apprenons à aimer les objets, ne peut-on ressentir que les objets nous aiment? Absurde? Sans doute. Mais une absurdité si utile est-elle toujours si absurde?