lundi, octobre 23, 2006

Jules et Jim

Certaines civilisatons donnent parfois à moudre des histoires qui donnent à penser que la mort est une chose désagréable, indésirée.

A ceux qui recherchent une mort rapide et violente, quelle direction indiquer, vers où ils pourraient glaner le courage de faire lentement l'amour à celle qui les emporte?

mercredi, octobre 18, 2006

Les portes du Paradis.

Il existe en chaque homme et femme un espace infiniment expansible. On peut emprunter plusieurs portes pour y accéder: l'entonnoir de l'Envie, les nuages de la Curiosité, l'autoroute du Sens, le miroir de la Méditation; que sais-je encore. La matière dont est faite ce monde se nomme Esprit. Dans ces limbes flottent les savoirs acquis, certains étant voués à atteindre le paradis de la concrétion, et d'autres à finir dans l'enfer de l'irréalisé. Les idées existent, elles sont, en ce sens, des êtres, au même titre que nous, qui les hégergeons.

Il me semble que chaque adulte a gagné le droit d'être son propre saint Pierre, et son propre dieu dans ce territoire de l'inagrégé. Cependant, une légende perdure selon laquelle il pourrait être bon de laisser d'autres gens juger à notre place du degré d'éligibilité des idées.

Le rapport de l'homme au monde est fait de son rapport aux possibles. Je voudrais pour notre Terre que nous sachions être de bons juges, justes et impartiaux, quand nous traitons le devenir de ces idées que nous portons. Ouvrir la porte du monde à toutes les idées, n'est-ce pas là ce qui fait du réel un endroit aussi désorganisé et sans règles que le monde de l'esprit?

dimanche, octobre 15, 2006

L'eau vive.

Le temps coule, et offre son limon à nos corps. Sur ces dépôts fertiles pousse notre patrimoine de nouveauté. De l'Habilis au Sapiens, plusieurs sortes d'homos se sont succédées, elles ont parfois cohabité.

Certains d'entre nous portent déjà des gènes mutés. Nous, les hominidés présents sur terre, ne sommes sans-doute pas tous assis sur la même branche.

Suffit-il d'ouvrir sa volonté à la fertilisation pour changer? Si le temps est un fleuve, n'est-il pas ridicule de nager à contre-courant? A quoi ressemble une centrale productrice d'énergie sur ce cours-ci?

La forêt d'émeraude.

Quand bien même elle serait de proportions parfaites, aucune oeuvre humaine n'approche la beauté autonome du plus rabougri des végétaux. Sans doute parce-qu'elle est pensée, puis réalisée pour rester telle qu'elle est le plus longtemps possible. Qu'elle recelle le désir mégalomaniaque de son créateur qu'elle soit entretenue. Que toute oeuvre est en ce sens un hymne à la mort, au statique, contruite par un humain pour fasciner ses semblables, et qui ne peut pas être.

Comme une cascade qui coulerait à l'envers, vers l'infini, notre monde se délite et se recrée tout autour de nous. Il nous est accordé, le temps d'une vie, de contempler ce spectacle juste et merveilleux, le seul qui soit un vrai défi pour notre entendement.

N'est-il pas ridicule de s'épuiser et s'appauvrir en usant autant de notre minable pouvoir créateur sur la matière, quand nous possédons tous celui de faire évoluer la race humaine?

mercredi, octobre 11, 2006

Pinocchio.

Un massif buffet de bois flotte souvent devant mes yeux. Il plane, car ses étagères et ses tiroirs sont plein de l'espérance d'un monde meilleur. Un projet d'avenir auquel je fus introduit par le coeur de mes ancètres.

J'imagine le fiévreux labeur de ses artisans, qu'ils n'eurent pas la faveur d'exécuter sur la terre qui les vît naître. Je pense qu'ils peuvent être dix rassemblés, ceux qui savent en fabriquer de pareils, sans pour autant sentir la nécessité de passer à l'acte. Ils ont travaillé pour se nourrir, et en oeuvrant de leur mieux, ils étanchèrent leur soif de bien faire. Un mot vient se mettre au premier rang: possibilité. On a tous la possibilité de digérer, pas forcément l'occasion de manger. J'en vois beaucoup qui, faute de pouvoir intégrer des objets à leur corps, dénaturent la maison, un nécessaire abri, pour y voir un deuxième corps, contamment agrandi pour y loger toujours plus de choses. Avoir faim d'objets, c'est être malade. L'humain peut être l'hôte d'une dynamique, pas d'un résultat.

Le savoir est une dynamique, la dynamique de nos vies civilisées. La dynamique n'est-elle pas la mère de tout résultat? Ne devrions-nous pas nous méfier de tous ceux qui ne nous proposent rien d'autre que d'atteindre un but concret, suspect parce-que périssable, plutôt que de chercher une la libération par une dynamique que nous pourrons garder en nous, bien à l'abri?

mardi, octobre 10, 2006

Les neiges bleues.

Les lumières dansent une joyeuse valse à la surface du canal, le calme qui trouva asile en moi convulse à sa manière: je viens de lire un livre très triste. Le monde de la paix et celui de l'agitation s'avancent l'un vers l'autre à la manière de la terre et de l'eau, hermétiquement cloisonnés. Je les observe, puis se fait jour en moi une réflexion de circonstance: vivre en paix, c'est savoir nager.

Un peuple est fait de trois sortes. Certains vivent à l'intérieur des terres, si loin du rivage qu'il n'est pour eux qu'une réalité déformée par ceux qui leur en rapportent l'existence. Certains ont marché jusqu'à la rive, apprécié la beauté de l'océan, et ont appris à braver ses prétendus dangers pour communier avec l'onde. D'autres sont restés au bord, incapables de vaincre leur peur. Jalousant les nageurs, ils tournent alors le dos à la grève et tentent de cacher l'eau aux regards des incultes. Je pleure pour tous ceux qui souffrent sans savoir qu'ils peuvent très bien ne plus souffrir. Et pour tous ceux qui les font souffrir en le sachant.

Qu'est-ce donc que l'on peut faire quand on sait nager, pour ceux qui ont peur de se jeter à l'eau? Une fois qu'on a plus peur de la terre ferme, sachant que l'on peut la quitter?

lundi, octobre 09, 2006

L'aventure fantastique

Quand je pense à un moyen de visualiser ce qui serait un mode de vie des idées, je vois une lampe magma. Les idées dont les substances s'unissent pour en faire naître d'autres, dans un mouvement jamais belliqueux.

Dans le monde de l'esprit, tout existe déjà. Les conflits y sont donc inutiles. C'est sans doute pourquoi le cours de notre pensée est imperturbable, toujours paisible.

Le monde de l'esprit serait-il le mode d'emploi pour le réel?

Perdus en translation...

Nous nous entourons, pour ne pas être surpris quand notre esprit vagabonde. Nous nous abritons, pour que les climats ne nous empoisonnent pas. Nous nous regroupons, pour profiter des avantages des proximités.

Nous voyons tous la nécessité de le faire dans le monde matériel.

Notre vraie maison à tous, ne serait-elle pas la Paix? Que se passe-t-il quand nous la quittons?

Grands soirs.

La frugale surface d'un désert chaud, marquée de jets poudreux s'affaissant sobrement, après avoir gonflé leur brioche de désir derrière ceux qui y foncent, aspirés par les falaises du sommeil; il n'en faut pas plus pour pour faire naître, des fourmillements de la clarté traversée, nos idées légères.

Dans un lit frais et craquant, surgis de leurs passés respectifs, tous ceux que fus m'ont retrouvé. Du nourisson à l'homme et au père que j'en devenais pour moi-même, tous mes âges se sont déclarés leur amour fraternel. L'adolescent câlinait le nourrisson, qui s'abandonnait en confiance. Et la promesse d'une respectueuse alliance passait de la main de l'homme à l'épaule d'un enfant. Tous étaient moi, et tous étaient là. Le lendemain, alors que je volais à nouveau sur l'immensité aride, tous revinrent. Armés cette fois, et vêtus d'aériennes armures dorées, ils se montraient toujours prêts à se battre, sagement, les uns pour les autres. Je participai.

Rester fidèle à soi-même, n'est-ce pas se promettre de s'aimer toujours?

samedi, octobre 07, 2006

Coquillages et crustacés.

Il est des rives noires à la douceur unique. Seule une barque qui se nomme Contemplation sait naviguer sur leurs eaux sans flux.

Aussitôt que j'en ai l'occasion, je marche dans la direction d'une onde que je traverse, contempler un certain visage. Je suis heureux avant même d'avoir franchi mon seuil, car quand cette figure me regarde, un transport me saisit, si particulier que j'en ai l'impression que la cinétique du monde s'inverse pour qu'il plonge en moi. Je me sens comme au seuil d'un gigantesque portail qui s'ouvre sur des vallées de bien. Et parce-que les sentiments sont inutiles pour apréhender l'infini de ces joies, quand nous nous regardons je me dépouille de tout; je meurs alors d'une de ces morts pour lesquelles je vis.

Ces passages dans le noir tuent le fade des couleurs, et nous les retrouvons précieuses, chrysolithiques. A quoi tient-il que ces revigorantes baignades dans le Styx soient si peu promues? Seraient-ils rares, ceux qui savent que mourir souvent, d'une mort finement choisie, aide à vivre?

jeudi, octobre 05, 2006

Loving by numbers

L'air raffiné par la flèche cristalline du cri d'un enfant se glisse dans mes poumons. Le temps qu'un nuage de veinules conquises ne l'éparpille dans mes cellules en fête, j'ouvre un oeil. J'ai passé la nuit dans une petite chambre, presque une cabine. Arrivé de nuit, je n'avais pas remarqué, amarré en face, le bâtiment imposant d'une école maternelle.

La brume d'amour finit de repeindre mon intérieur de transparences aux couleurs chaudes. Elle s'exfiltre de ma poitrine. Puis elle fonce, conquérante, vers mon oreiller. Là, elle se rassemble, pétillante, avant de s'étirer en tentacules agiles qui courent se fondre dans la structure du lit, et enfin, au reste du petit appartement. Un sentiment d'une clarté innocente prospérait, avant qu'elles ne soient sous l'emprise de la conscience, sur les puretés de mon esprit. Les vibrantes trilles enfantines lui auront servi de tremplin pour passer la barrière des rêves, et le voici qui galope dans le réel . Une fois complètement éveillé, cet état perdure. Je suis amoureux d'objets.

Déambulant sur le boulevard, alors que cette sensation a su s'étendre au point de croire que les choses m'ont rendu mon amour, que mon nez vibre doucement et que mes yeux se regardent et s'aiment, je m'inquisite: qu'est-ce que l'amour des choses? Si nous apprenons à aimer les objets, ne peut-on ressentir que les objets nous aiment? Absurde? Sans doute. Mais une absurdité si utile est-elle toujours si absurde?

mercredi, octobre 04, 2006

Europa

Il existe une île sur laquelle l'homme ne peut aller qu'enduit de crème. Les moustiques y sont par trop nombreux.

Alors que sur cette langue de terre, les sternes volent leur nourriture aux fous, je réalise qu'il n'existe qu'un animal sur terre capable d'amener de la nourriture à d'autres animaux. Un seul capable de tout mettre en oeuvre pour sauver ceux qui ne sont pas de son espèce. Un seul capable d'agir sans rien attendre en retour.

Alors qu'est-ce qui rend cet animal si réfractaire à l'idée de gratuité? Sa logique? Est-il si difficile pour lui de changer un mot et de se dire que travailler pour rien, c'est aussi oeuvrer pour l'Infini?

lundi, octobre 02, 2006

Mission sur Mars

Le ciel de Paris fronçait à nouveau les sourcils, ouvrant une journée très particulière: une journée de chasse.

La recherche de nourriture aura un visage de papier. Une face d'imprimé plus exactement. Je sais que cette campagne durera plusieurs jours.

Comme la pointe acérée qui plonge le froid dans les chairs, je me sens interpellé. Est-il un seul enfant qui naisse libre en ce monde garni de frontières? Parler de liberté a-t-il un sens quand on a une identité? Le "système", notre nouveau père, n'est-il pas un Saturne dévorateur? Ne tient-il pas le compte des nouveaux-nés pour mieux leur assigner une place, au lieu de les aider à chercher la leur? Qui est libre?

dimanche, octobre 01, 2006

Sans famille,

Se terrer, être à peine bientôt libre, quand on se bat sans être seul, contraint par la négligence du pousser à faire partie d'un cercle.

Qui n'a pas été abandonné à la naissance, avant même d'être au monde, subit le joug terrible de l'appartenance.

Qui aime ses enfants les estampille de l'abandon, car tout dans la vie n'arrive-t-il à la queue de l'acte de s'abandonner?