mardi, octobre 10, 2006

Les neiges bleues.

Les lumières dansent une joyeuse valse à la surface du canal, le calme qui trouva asile en moi convulse à sa manière: je viens de lire un livre très triste. Le monde de la paix et celui de l'agitation s'avancent l'un vers l'autre à la manière de la terre et de l'eau, hermétiquement cloisonnés. Je les observe, puis se fait jour en moi une réflexion de circonstance: vivre en paix, c'est savoir nager.

Un peuple est fait de trois sortes. Certains vivent à l'intérieur des terres, si loin du rivage qu'il n'est pour eux qu'une réalité déformée par ceux qui leur en rapportent l'existence. Certains ont marché jusqu'à la rive, apprécié la beauté de l'océan, et ont appris à braver ses prétendus dangers pour communier avec l'onde. D'autres sont restés au bord, incapables de vaincre leur peur. Jalousant les nageurs, ils tournent alors le dos à la grève et tentent de cacher l'eau aux regards des incultes. Je pleure pour tous ceux qui souffrent sans savoir qu'ils peuvent très bien ne plus souffrir. Et pour tous ceux qui les font souffrir en le sachant.

Qu'est-ce donc que l'on peut faire quand on sait nager, pour ceux qui ont peur de se jeter à l'eau? Une fois qu'on a plus peur de la terre ferme, sachant que l'on peut la quitter?