samedi, juillet 07, 2007

Vénus de mille mots.

Je suis au Louvre et je me promène. Comme au rythme d'une lente marée montante mes sens s'éveillent et s'étirent comme des chats sous le soleil des oeuvres.
La foule semble flotter dans un bain de lumière de soie qui apaise les sons et bientôt je regarde autant les oeuvres de la nature que les marbres.

Soudain, alors que je pénètre dans la salle du palais de Darius, mon regard rebondit sèchement sur la pierre lisse d'une gigantesque tête de colonne aux proportions parfaites. Deux taureaux en miroir portent deux poutres à angle droit.
Leur faisant face comme pour adoucir la surface coupante de leur présence deux murs de briques offrent le miroir patiné par le temps de céramiques aux couleurs de délicats glaçaces pâtissiers.
Comme cette peau sur la rugosité poreuse du schiste une fascination salvatrice vient raffraîchir mon esprit échauffé.

Retirant le bénéfice de cet apaisement soudain, je me demande si les hommes n'auraient pas inventé l'art comme contre-pouvoir à celui qu'exerce sur eux la beauté envahissante de l'autre sexe. Aucune beauté synthétique n'étant capable de rivaliser avec la fascinante beauté du réel, leur rôle n'est-il pas de prendre le pas sur elle à la faveur d'un instant d'attention, figeant le temps pour laisser filer l'objet du désir vrai? Celui que l'on désire trop pour vivre? L'art n'équilibre-t-il pas notre rapport à la trop grande beauté du monde?