mercredi, avril 15, 2009

Silent night.

Et nous voici, corps plein de force, soudain pétrifiés en de fragiles écureuils de profil poussés tout au fond de la mollesse du canapé par des fumées toxiques.
Que diable trouvâmes-nous de bon dans l'irruption de cette pression sans pitié? Autre que le plaisir cruel de voir mourir doucement l'Espoir de retour? Que cherchions-nous dans cette quête dont les règles s'imposaient à nous? Que cherchions-nous?

Comme j'allais - sur un chemin imaginaire avec la sensation d'aller au travail ou à l'école - m'endormir, je n'irai plus.
J'ai entendu que je cherchais un plaisir. Pas celui du coup de massue, mais celui de m'endormir paisiblement, avec à mes côtés un semblable. Que je cherchais à recréer une douce fraternité qui n'exista jamais.
Elle était en moi et attendait d'être vue, à défaut d'avoir été vécue.
Elle était nécessaire, et si sûre de sa bonne foi. Sa faim justifia ses moyens.
A la nécessité de franchir les frontières du sommeil bien accompagné, je suis heureux de souhaiter: "bienvenue!"

Est-ce nous qui trouvons le sommeil? Ou lui qui nous cherche?

samedi, août 11, 2007

Doudou l'enfant doux.

Comme quand le château de sable est fini et que le soleil se couche à l'horizon. Ivres d'une joie naine car par trop familière nous sentons parfois dans nos os le frais d'une journée qui se referme comme une dernière page. La certitude de n'avoir eu qu'une seule joie pour la remplir s'invite au concert des pensées.

Alors une douleur molle nous étreint. Elle vacille comme une froide flamme et si elle ne nous réchauffe pas elle éclaire cependant.
Dans le même temps au sol de toutes les dépendances de ces maisons que nous sommes un vent pur court toujours en tous sens. Il porte une vivifiante légende à ses volutes frais. Ce vent est idéal. Il court insensible et nous dit: "Je suis ce que tu es."


Alors nous? Serions-nous ce qu'il est? Une variation de températures sans mémoire ni douleur? Et cet oeil par lequel nous nous regardons, est-il bien le nôtre? Ne nous embarrassons-nous d'une image que par nécessité d'apprendre à la jeter un jour? Comme les enfants leur doudou?

samedi, juillet 07, 2007

Quand à soi.

Un fin carré de soie se tisse à l'intérieur de moi.

Impressionné des mille morceaux du monde qui m'ont voulu et jetèrent l'ancre en ma mémoire, il sort de là parfois pour caresser le monde.
Cette soie est porcelaine, carte d'un port céleste qui offre ses jetées au reste en chacun d'entre nous.

Entre un port et une mer qui ne se sont pas trouvés qu'existe-t-il? Un pré d'un vert uni ou un prêt d'univers?

Vénus de mille mots.

Je suis au Louvre et je me promène. Comme au rythme d'une lente marée montante mes sens s'éveillent et s'étirent comme des chats sous le soleil des oeuvres.
La foule semble flotter dans un bain de lumière de soie qui apaise les sons et bientôt je regarde autant les oeuvres de la nature que les marbres.

Soudain, alors que je pénètre dans la salle du palais de Darius, mon regard rebondit sèchement sur la pierre lisse d'une gigantesque tête de colonne aux proportions parfaites. Deux taureaux en miroir portent deux poutres à angle droit.
Leur faisant face comme pour adoucir la surface coupante de leur présence deux murs de briques offrent le miroir patiné par le temps de céramiques aux couleurs de délicats glaçaces pâtissiers.
Comme cette peau sur la rugosité poreuse du schiste une fascination salvatrice vient raffraîchir mon esprit échauffé.

Retirant le bénéfice de cet apaisement soudain, je me demande si les hommes n'auraient pas inventé l'art comme contre-pouvoir à celui qu'exerce sur eux la beauté envahissante de l'autre sexe. Aucune beauté synthétique n'étant capable de rivaliser avec la fascinante beauté du réel, leur rôle n'est-il pas de prendre le pas sur elle à la faveur d'un instant d'attention, figeant le temps pour laisser filer l'objet du désir vrai? Celui que l'on désire trop pour vivre? L'art n'équilibre-t-il pas notre rapport à la trop grande beauté du monde?

samedi, mai 12, 2007

Mousson

Il nous est donné un corps. Je pense à un catalogue sans sons des activités et des rythmes de tous nos corps réunis.

La plupart nécessitent un mouvement. Comme je suis allongé sur mon lit, le corps inactif, je me demande quel est le but secret de ce corps qui se gazéifie au vent des ailes du rêve.

Un corps qui s'ossocierait avec le monde de l'esprit ne deviendrait-il pas une forme terrestre inédite? Serait-il possible d'être aussi un boudin lumineux traversé de fulgurances défiant les lois de l'espace et du temps? Que sait-on réellement des pouvoirs de la réunion de l'esprit et du corps si on ne s'y est pas frotté? L'esprit sait-il féconder le corps?

mercredi, février 14, 2007

Courrier interpassionnel.

Je lis, je lis. Les articles défilent, et je ne peux qu'admirer le courage de ceux qui présentent leurs embryons de pensée. Ces créations rampantes, dépourvues d'ailes, s'essaient à attirer l'attention en gigotant pitoyablement. Elles n'ont aucune chance d'accéder à l'air pur de l'universalité.

Je me prends à rêver pour mes semblables d'une révélation. Plutôt une photographique que religieuse. D'habiles promoteurs ont oeuvré, et nous nous réveillons tous les matins pour admirer un panorama, notre oeuvre commun: les édifices de notre réflexion, bâtis dans des proportions toujours plus larges et des matériaux d'une solidité proche de celle du diamant sur le terrain de l'image. En survolant cette évidence que les édifices pourraient cacher un terrain vicié, et qu'un matériau souple résiste mieux aux secousses sismiques, je relève la tête.
Je vois alors notre paysage mental dans sa globalité. Et, baignant tout ce que l'on peut voir, le Reste. Ce qui reste à vivre, ce qui reste à voir: l'invisible.
Les discours vivent et meurent dans un pays dont le charme réside dans sa nature duelle, faite de visible et d'invisible, qui a besoin d'un double miroir pour savoir qui elle est.

Ce miroir n'est-il pas notre cerveau? Discourir, n'est-ce pas offrir à notre paysage mental l'occasion de se faire beau?

mercredi, janvier 10, 2007

La rivière sans retour.

Au moment de basculer dans le sommeil, je fais un pas de côté.

J'observe ce qui se passe, je vois une multitude de corps lumineux se fondre dans un grand courant noir. Des paires d'yeux se ferment, la luminescence des dormeurs s'étiole doucement. Comme ramollis par la confiance, ceux qui étaient éveillés quelques instants plus tôt à la surface du globe basculent en arrière, à la manière des algues prises dans un courant. Ils ne perdent pas leur identité ni leurs limites, simplement leur opacité et leurs couleurs. Ils sont déguisés pour un voyage paisible au pays des morts.

Est-ce que la vie profite de notre sommeil pour rejoindre la mort? Qu'est-ce en nous qui les trouble et les empêche de passer du temps ensemble lorsque nous sommes en veille?

mardi, décembre 19, 2006

La chevauchée fantasque.

Je pense à nous tous. A là où je vais, qui est là où je veux aller.

J'ai peu de moyens de savoir les destinations où je pourrais vouloir aller, et je suis certain d'arriver là où mes envies m'auront porté. J'entends la nécessité d'éclaireurs. J'entends caracoler une harde forcément libre -où iraient entravés les chevaux de l'envie?- qui galope au-dessus de ma tête, partie découvrir le terrain. Elle reviendra plus forte, plus expérimentée, et égards dûs à sa brillance elle sera soignée.

L'école de l'envie n'est-elle pas une école de la vie? Un cours élémentaire?

lundi, décembre 18, 2006

Tea for two.

Ce matin, comme tous les autres matins depuis un certain nombre de jours, je suis resté au lit. Alors qu'un chèche bleu azur ceignait mon crâne, protégeant l'Intérieur de la lumière frappant sans relâche aux paupières, je tentai de relâcher mes muscles. Laissant courir mes pensées, je les vit arriver au bord d'une onde puis parcourir un moment sa surface jusqu'à ce que toute sensation de berge eût disparu, puis couler.

Loin d'être un enfoncement, ce voyage avait toutes les qualités d'un vol. D'un vol inversé qui me fit entrer en contact avec les allocations de parties de mon esprit. Un tiroir s'ouvrit, qui contenait l'idée que une partie de mon esprit est dédiée à chacune des personnes que je connais. Par extension, à tous les gens du monde. Je me vis ainsi pour un instant: un trou de serrure par lequel le tout se contemplait.

Le tout se regarde en chacun de nous comme unique, nous sommes six milliards.
Le tout aurait-il six milliards de manières de se voir unique?

mardi, novembre 21, 2006

L'espion qui m'aimait.

Un soir vint qui me vit m'aimer. Soudainement, mais pas vraiment de manière fortuite. Le jour rentrait chez lui en se faufilant par les plis des volets, et malgré une obligation, je m'étais accordé du temps pour une entrevue avec moi-même. Fumant le calumet de la paix, je scellai par un pacte à ce jour inviolé le début d'une nouvelle manière de converser dans mon for. Finie la critique reine, un flot de compliments se trouva libéré par un décret cassant leur prétendue nocivité. Ces prisonniers politiques peuplèrent l'arène intime, sans rancunes, propres et doux, ils présidèrent aux destinées d'une nouvelle ère.

Depuis l'amour est là qui m'aime, et j'aime qu'il m'aime, bien qu'il m'interdit de me laisser aller, m'amputant d'un auto-apitoiement que je trouvais simple et pratique. Je suis tenté de le comparer aux raviolis en boîte, on sait qu'on peut en mourir mais on meurt d'envie d'y goûter.

Aime-t-on vraiment ce qui nous fait grandir? Sent-on l'acidité de l'engrais détruire nos faiblesses? Aime-t-ton toujours aimer? Laisse-t-on l'amour aimer à notre place? Est-ce-là sa vraie place? Nous aime-t-il parce qu'on la lui donne? Peut-on reprendre à l'amour la place qu'on lui a donnée?

samedi, novembre 18, 2006

Incassable

Alors que mon esprit vagabonde, je l'imagine sur un chemin de ronde herbeux, accoudé, sur une hauteur, à une barrière de bois, regardant en contrebas nos deux âmes qui s'amusent entre elles, s'offrant en leur pays de doux quadrilles aériens.

Je m'empêche alors de penser la tristesse de n'être pas le terrain de leurs joies. Le vent iodé de l'espoir emporte, de ses vivifiantes volutes, tout ce qui n'est pas Futur. Il me colonise, chassant le concret de ton absence confondante, soufflant tous ces pleins passés ou présents créateurs de vides. Seul siège alors le néant positif, lumineux et fertile, de ce Temps qui bâtit toujours, sans jamais prendre le temps de polir. Et je ne pense plus sans en amont croire.

Suffit-il de croire pour ressentir ce que ressent notre âme?

jeudi, novembre 16, 2006

Alma Marceau

Nous sommes au lendemain d'un départ, et je suis encore en un nuage.

Tout autour de moi, une partie faite d'ondes,se fait oublier la plupart du temps.
Mise au contact d'une âme soeur, elle prend forme. Aujourd'hui, c'est un banc de poissons colorés, gravitant en volutes nacrés dans les airs avec la grâce ralentie d'un mime. Je n'ai pas besoin de tourner la tête pour les observer. Je sais leurs mouvements.

Voir par son âme, est-ce cela savoir?

lundi, octobre 23, 2006

Jules et Jim

Certaines civilisatons donnent parfois à moudre des histoires qui donnent à penser que la mort est une chose désagréable, indésirée.

A ceux qui recherchent une mort rapide et violente, quelle direction indiquer, vers où ils pourraient glaner le courage de faire lentement l'amour à celle qui les emporte?

mercredi, octobre 18, 2006

Les portes du Paradis.

Il existe en chaque homme et femme un espace infiniment expansible. On peut emprunter plusieurs portes pour y accéder: l'entonnoir de l'Envie, les nuages de la Curiosité, l'autoroute du Sens, le miroir de la Méditation; que sais-je encore. La matière dont est faite ce monde se nomme Esprit. Dans ces limbes flottent les savoirs acquis, certains étant voués à atteindre le paradis de la concrétion, et d'autres à finir dans l'enfer de l'irréalisé. Les idées existent, elles sont, en ce sens, des êtres, au même titre que nous, qui les hégergeons.

Il me semble que chaque adulte a gagné le droit d'être son propre saint Pierre, et son propre dieu dans ce territoire de l'inagrégé. Cependant, une légende perdure selon laquelle il pourrait être bon de laisser d'autres gens juger à notre place du degré d'éligibilité des idées.

Le rapport de l'homme au monde est fait de son rapport aux possibles. Je voudrais pour notre Terre que nous sachions être de bons juges, justes et impartiaux, quand nous traitons le devenir de ces idées que nous portons. Ouvrir la porte du monde à toutes les idées, n'est-ce pas là ce qui fait du réel un endroit aussi désorganisé et sans règles que le monde de l'esprit?

dimanche, octobre 15, 2006

L'eau vive.

Le temps coule, et offre son limon à nos corps. Sur ces dépôts fertiles pousse notre patrimoine de nouveauté. De l'Habilis au Sapiens, plusieurs sortes d'homos se sont succédées, elles ont parfois cohabité.

Certains d'entre nous portent déjà des gènes mutés. Nous, les hominidés présents sur terre, ne sommes sans-doute pas tous assis sur la même branche.

Suffit-il d'ouvrir sa volonté à la fertilisation pour changer? Si le temps est un fleuve, n'est-il pas ridicule de nager à contre-courant? A quoi ressemble une centrale productrice d'énergie sur ce cours-ci?

La forêt d'émeraude.

Quand bien même elle serait de proportions parfaites, aucune oeuvre humaine n'approche la beauté autonome du plus rabougri des végétaux. Sans doute parce-qu'elle est pensée, puis réalisée pour rester telle qu'elle est le plus longtemps possible. Qu'elle recelle le désir mégalomaniaque de son créateur qu'elle soit entretenue. Que toute oeuvre est en ce sens un hymne à la mort, au statique, contruite par un humain pour fasciner ses semblables, et qui ne peut pas être.

Comme une cascade qui coulerait à l'envers, vers l'infini, notre monde se délite et se recrée tout autour de nous. Il nous est accordé, le temps d'une vie, de contempler ce spectacle juste et merveilleux, le seul qui soit un vrai défi pour notre entendement.

N'est-il pas ridicule de s'épuiser et s'appauvrir en usant autant de notre minable pouvoir créateur sur la matière, quand nous possédons tous celui de faire évoluer la race humaine?

mercredi, octobre 11, 2006

Pinocchio.

Un massif buffet de bois flotte souvent devant mes yeux. Il plane, car ses étagères et ses tiroirs sont plein de l'espérance d'un monde meilleur. Un projet d'avenir auquel je fus introduit par le coeur de mes ancètres.

J'imagine le fiévreux labeur de ses artisans, qu'ils n'eurent pas la faveur d'exécuter sur la terre qui les vît naître. Je pense qu'ils peuvent être dix rassemblés, ceux qui savent en fabriquer de pareils, sans pour autant sentir la nécessité de passer à l'acte. Ils ont travaillé pour se nourrir, et en oeuvrant de leur mieux, ils étanchèrent leur soif de bien faire. Un mot vient se mettre au premier rang: possibilité. On a tous la possibilité de digérer, pas forcément l'occasion de manger. J'en vois beaucoup qui, faute de pouvoir intégrer des objets à leur corps, dénaturent la maison, un nécessaire abri, pour y voir un deuxième corps, contamment agrandi pour y loger toujours plus de choses. Avoir faim d'objets, c'est être malade. L'humain peut être l'hôte d'une dynamique, pas d'un résultat.

Le savoir est une dynamique, la dynamique de nos vies civilisées. La dynamique n'est-elle pas la mère de tout résultat? Ne devrions-nous pas nous méfier de tous ceux qui ne nous proposent rien d'autre que d'atteindre un but concret, suspect parce-que périssable, plutôt que de chercher une la libération par une dynamique que nous pourrons garder en nous, bien à l'abri?